Passer au contenu principal
recherche

Frontières virales, épidémiologiques et sociales du VIH entre la Guyane française et l’extrême nord du Brésil

Madame DIVINO Flavia, présentera ses travaux en vue de l’obtention du Doctorat


Spécialité : Recherche clinique, innovation, santé publique
Sur le sujet : « Frontières virales, épidémiologiques et sociales du VIH entre la Guyane française et l’extrême nord du Brésil »
Laboratoire de rattachement : CIC INSERM 1424
Co-Directeurs de thèse : Messieurs Mathieu NACHER, PU-PH, Directeur CIC INSERM 1424 au Centre Hospitalier de Cayenne et à l’Université de Guyane ; Paulo PEITER, Professeur au Laboratoire des maladies parasitaires de l’Institut Oswaldo Fiocruz.
La soutenance sera publique et aura lieu à : Fondation Oswaldo Cruz à Rio de Janeiro (Brésil), le jeudi 30 mars 2023 à 09h30

Résumé

Introduction : Le SIDA et le VIH obligent encore le monde à faire face à de grands défis et à redéfinir des stratégies. Au Brésil, l’épidémie a commencé dans les grandes métropoles dans les années 1980, mais s’est rapidement propagée à l’intérieur du pays, en particulier dans les régions du nord et du nord-est, qui enregistrent chaque année une augmentation des chiffres. En même temps, le bouclier des Guyanes, à l’extrême nord du Brésil, est un territoire qui montre clairement les défis liés à la propagation du VIH. Oiapoque, dans l’État d’Amapá, est la seule municipalité brésilienne à partager des frontières avec un territoire européen d’outre-mer – la Guyane française – et cette municipalité unique mêle plusieurs dynamiques existantes : inégalités migratoires, économiques et sociales, diversité linguistique, isolement social et démographique, et enjeux politiques.

Objectif : Le présent travail visait à identifier les déterminants qui influencent la propagation du VIH dans la région transfrontalière entre le Brésil et la Guyane française. A travers une recherche basée sur les déterminants sociaux de la santé, j’ai cherché à mieux comprendre la propagation de ce virus dans la région frontalière à l’extrême nord du Brésil, à partir de la cascade de prise en charge du VIH dans la région frontalière ; en outre, j’ai décritl’épidémie à la frontière, la situation sociodémographique des personnes vivant avec le VIH et analysé les déterminants sociaux de la santé etla mobilité des personnes dans la région.

Méthodologie : Une étude mixte a été réalisée, basée sur l’approche des déterminants sociaux de la santé combinant une analyse quantitative (données primaires et secondaires) et une approche qualitative large (observations, enquête situationnelle, étude rétrospective et entretiens), visant à une meilleure compréhension de la dynamique de la dissémination du VIH dans l’extrême frontière nord du Brésil, municipalité de Oiapoque et la ville de Saint Georges située en face en Guyane.

Résultats et discussion : Nous avons observé une grande disparité d’informations concernant les données sur le VIH et les cas de sida ; que ce soit au niveau municipal, étatique et national, le système de santé unique de l’extrême nord était insuffisant, balbutiant et l’absence d’acteurs clés tels que les médecins spécialistes était fortement ressentie. A Oiapoque, le mode de vie garimpo était fréquent et présente des vulnérabilités liées à la prostitution. Il existait un manque d’interactions et de coordination à la frontière entre les organisations non gouvernementales, le gouvernement et les pouvoirs publics. La présence de populations mobiles, le manque de connaissances sur le VIH et le sida, le contexte de pauvreté et de violence, et le manque d’autonomie des patients vivant avec le VIH étaient souvent rapportés. Malgré tous les efforts de lutte contre le VIH observés dans la région frontalière, les déterminants sociaux ajoutés à l’intense mobilité et au manque complexe d’information facilitaient la propagation du VIH à la frontière de l’extrême nord du Brésil avec la Guyane française.

Conclusions :  En accord avec les objectifs spécifiques, nous concluons que :

Il existe une grande disparité dans les données réelles liées à l’épidémie de VIH et de sida dans la région transfrontalière, ce qui entrave la communication entre les pays et principalement les questions impliquant des actions de politique publique.      Le projet OCS est une excellente initiative et un renforcement très important de la lutte contre le VIH à la frontière, mais il existe des difficultés liées au manque de la communication avec la municipalité et l’état d’Amapá.

Les données sociodémographiques devraient être intégrées dans les analyses épidémiologiques et les actions de surveillance sanitaire pour une meilleure compréhension de l’épidémie au niveau local.

Il convient de souligner les dommages que l’abandon du traitement cause aux politiques de contrôle de l’épidémie de VIH et de SIDA, en particulier aux frontières où les populations très mobiles, comme les mineurs, nécessitent une attention particulière. En ce sens, il est nécessaire d’intégrer définitivement les localités d’Ilha Bela et de Vila Brasil dans les stratégies de contrôle du VIH. Un autre point important est la réalité locale de faible éducation de la population, qui nous oblige à penser à de nouvelles stratégies et actions adaptées au territoire.

Les entretiens nous ont permis de compléter les informations épidémiologiques sur le VIH dans la région, en ajoutant un regard sur la dimension sociale du phénomène et sa dynamique dans cette frontière particulière entre le Brésil et la Guyane française, une frontière qui ne dort jamais.  Les informations et les dialogues avec les personnes interrogées nous ont permis de comprendre le contexte de la frontière au-delà de la froideur des chiffres, une vision d’immersion dans la vie quotidienne des communautés frontalières séparées seulement par le fleuve Oiapoque, mais intimement liées.

Nous concluons que les déterminants qui influenceraient la propagation du VIH dans l’extrême nord du Brésil et de Saint Georges sont : la condition de frontière internationale périphérique aux deux pays voisins, les faiblesses du niveau sanitaire local, le mode de vie des mineurs avec leurs vulnérabilités socio-environnementales, la nécessité d’améliorer l’interaction et la coordination entre les entités sanitaires et les organisations non gouvernementales opérant dans la région, la présence expressive de populations très mobiles et/ou  » flottantes « , la grande vulnérabilité sociale, les conditions de vie et de travail précaires, le manque de connaissances sur le VIH et le sida, le manque d’accès à des soins de qualité et à l’intégralité de la santé, le contexte de conflits et de violence, la pauvreté et le manque d’autonomie dans le traitement.

Nous pensons que ces résultats peuvent être utiles pour la formulation de politiques publiques sur les frontières et pour l’amélioration du réseau de santé publique.

Les déterminants sociaux et la mobilité intense à la frontière, ainsi que le manque complexe d’informations correctes sur l’épidémie, le traitement et la prévention, corroborent et rendent la région plus vulnérable à la propagation du VIH et à l’avancement de la maladie avec plus de personnes affectées par le syndrome d’immunodéficience acquise – SIDA.

Abstract

Introduction: AIDS and HIV still force the world to face great challenges and redefine strategies. In Brazil, the epidemic began in the large metropolises in the 1980s, but quickly spread to the interior of the country, especially to the northern and northeastern regions, where the numbers are increasing every year. At the same time, the Guiana Shield, in the far north of Brazil, is a territory that clearly shows the challenges associated with the spread of HIV. Oiapoque, in the state of Amapá, is the only Brazilian municipality to share borders with an overseas European territory – French Guiana – and this unique municipality blends several existing dynamics: migratory, economic and social inequalities, linguistic diversity, social and demographic isolation, and political issues.

 Objective: The present work aimed to identify the determinants that influence the spread of HIV in the cross-border region between Brazil and French Guyana. Through a research based on social determinants of health, I sought to better understand the spread of this virus in the border region in the extreme north of Brazil, from the cascade of HIV care in the border region; in addition, I described the epidemic at the border, the socio-demographic situation of people living with HIV, and analyzed the social determinants of health and mobility of people in the region.

 Methodology: A mixed-methods study was conducted, based on the social determinants of health approach, combining a quantitative analysis (primary and secondary data) and a broad qualitative approach (observations, situational survey, retrospective study, and interviews), aiming at a better understanding of the dynamics of HIV dissemination in the extreme northern border of Brazil, municipality of Oiapoque, and the city of St. George located across the border in Guyana.

 Résultats et discussion : We observed a great disparity of information regarding HIV and AIDS data; whether at the municipal, state, or national level, the single health system in the far north was inadequate, incipient, and the absence of key actors such as medical specialists was strongly felt. In Oiapoque, the Garimpo lifestyle was common and had vulnerabilities related to prostitution. There was a lack of interaction and coordination at the border between nongovernmental organizations, government, and public authorities. The presence of mobile populations, lack of knowledge about HIV and AIDS, the context of poverty and violence, and the lack of autonomy of patients living with HIV were often reported. Despite all the HIV control efforts observed in the border region, social determinants coupled with intense mobility and complex lack of information facilitated the spread of HIV on the far northern border of Brazil with French Guiana.

Conclusions: In line with the specific objectives, we conclude that:

There is a great disparity in the actual data related to the HIV and AIDS epidemic in the cross-border region, which hinders communication between countries and mainly issues involving public policy actions. The OCS project is an excellent initiative and a very important reinforcement of the fight against HIV on the border, but there are difficulties related to the lack of communication with the municipality and state of Amapá.

Socio-demographic data should be integrated into epidemiological analyses and health surveillance actions for a better understanding of the epidemic at the local level.

It is worth highlighting the damage that the abandonment of treatment causes to the policies of control of the HIV and AIDS epidemic, especially at the borders where highly mobile populations, such as minors, require special attention. In this sense, it is necessary to definitively integrate the localities of Ilha Bela and Vila Brasil in the HIV control strategies. Another important point is the local reality of low education of the population, which forces us to think about new strategies and actions adapted to the territory.

The interviews allowed us to complete the epidemiological information on HIV in the region, adding a look at the social dimension of the phenomenon and its dynamics in this particular border between Brazil and French Guyana, a border that never sleeps.  The information and dialogues with the interviewees allowed us to understand the context of the border beyond the coldness of the numbers, a vision of immersion in the daily life of the border communities separated only by the Oiapoque River, but intimately linked.

We conclude that the determinants that would influence the spread of HIV in the far north of Brazil and Saint George are: the condition of international border peripheral to the two neighboring countries, the weaknesses of the local health level, the lifestyle of minors with their socio-environmental vulnerabilities, the need to improve the interaction and coordination between health entities and non-governmental organizations operating in the region, the expressive presence of highly mobile and/or « floating » populations, high social vulnerability, precarious living and working conditions, lack of knowledge about HIV and AIDS, lack of access to quality care and comprehensiveness of health, the context of conflict and violence, poverty, and lack of autonomy in treatment.

We believe that these results can be useful for the formulation of public policies on borders and for the improvement of the public health network.

The social determinants and the intense mobility at the border, as well as the complex lack of correct information about the epidemic, treatment and prevention, corroborate and make the region more vulnerable to the spread of HIV and the advancement of the disease with more people affected by the acquired immunodeficiency syndrome – AIDS.

Contact

Pour qu’une réponse appropriée puisse vous être apportée :

1. Choisissez avec attention votre destinataire


2. Rédigez votre message en apportant le plus de précisions.


3. Renseignez tous les champs obligatoires (*)

ED

École doctorale

M. Bertrand DE TOFFOL
Directeur

Mme Rachelle HO-COUI-YOUN
Gestionnaire Administratif et Financier
05 94 27 27 82

Fermer le menu

Université de Guyane | multiplions les possibles

fr_FRFrançais