Christelle MENCE

La Guyane, un département français, qui a toujours été un lieu d’immigration. Une variété de cultures et d’origines se côtoient formant une mosaïque de populations avec des disparités à tous les niveaux. Les travaux de recherche permettent d’appréhender la conception de l’école par les familles haïtiennes dont beaucoup d’enfants se retrouvent en difficulté scolaire et l’influence qu’elle peut exercer sur la scolarité de ces derniers. Par ailleurs, l’étude de la perception des enseignants sur ces familles enrichit notre connaissance du milieu scolaire. Une comparaison entre les parents d’origine haïtienne qui ont été scolarisés en Guyane et ceux scolarisés en Haïti montre d’une part que la perception des enseignants sur ces familles a un impact et d’autre part que les conditions sociales de ces dernières ne représentent pas un facteur déterminant de la scolarité de leurs enfants. La méconnaissance du système scolaire français et de ses attentes inscrit ces parents dans un schéma « subjectif de passivité » envers l’institution. Il en ressort une véritable incompréhension entre les enseignants et les parents mais un besoin commun de communication. Le rétablissement d’une communication bienveillante permet d’instaurer une coopération effective entre les parties mettant en exergue « objectivement » les compétences de ces familles. Cette implication et le nouveau climat au sein de l’école est vecteur d’une modification partielle des représentations des acteurs et crée un climat favorable à la réussite des enfants. Cependant, cet équilibre demeure fragile et dépend en grande partie de l’implication et du dynamisme du directeur d’école. De ce constat découle le rôle déterminant de l’ESPE avec la nécessité d’intégration d’un module de formation à proposer aux futurs enseignants en alternance et aux directeurs d’écoles qui bénéficient uniquement d’une formation d’aide à la prise de fonction en début de carrière. Face à la persistance des représentations des enseignants sur les familles haïtiennes qui sont souvent stigmatisées, les travaux ont mis en évidence une corrélation entre la transposition didactique intériorisée et le mode de pensées face à la scolarité et aux attitudes supposées attendues des parents. En vue de permettre une coordination académique de la coopération avec les parents, notre recherche nous a également amené à proposer la constitution d’une brigade départementale « coopération avec les parents » basée au Rectorat.