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Epidémiologie et prise en charge des intoxications et des envenimations aux Antilles et en Guyane : Analyse des particularités et des spécificités

Monsieur Dabor RESIERE, présentera ses travaux en vue de l’obtention de l’Habilitation à Diriger des Recherches


Sujet : Epidémiologie et prise en charge des intoxications et des envenimations aux Antilles et en Guyane : Analyse des particularités et des spécificités
Candidat :  Monsieur Dabor RESIERE
Spécialité :  Recherche clinique, innovation technologique
Date : jeudi 17 décembre 2020 à 13h30, Université de Guyane, Amphi A.

Résumé

Notre travail se dirige vers envenimations vipérines par Bothrops lanceolatus, membre de la famille des Viperidae de type crotalinae, seul serpent responsable d’envenimations en Martinique, unique île d’ailleurs où il est présent dans le monde. Toute morsure par ce serpent peut être à l’origine de complications thrombotiques gaves à type d’infarctus cérébral, pulmonaire ou myocardique, mettant en jeu le pronostic vital ou fonctionnel. La composition du venin et le mécanisme lésionnel sont encore débattus à ce jour. Un premier sérum antivenimeux (SAV) spécifique, le Bothrofav1®, disponible depuis 1991, avait permis une réduction significative de la morbi-mortalité. Mais, en 2004, une recrudescence des cas d’accidents vasculaires cérébraux ischémiques induits par l’envenimation malgré l’administration précoce de SAV, a remis en cause son efficacité et fait produire un second SAV spécifique, le Bothrofav2®, disponible depuis février 2011. Les raisons de l’échec du 1e SAV restent encore hypothétiques et l’efficacité du 2nd SAV est en cours d’évaluation. Cet article présente une mise au point sur cette envenimation rare mais touchant l’un de nos départements d’Outre-Mer avec une problématique scientifique et médicale passionnante.

En Guyane française, Bothrops atrox, Bothrops brazili, Bothrops bilineatus, Lachesis muta et Micrurus sp sont responsables de la plupart des cas d’envenimation des morsures de serpent. Les caractéristiques cliniques chez les patients souffrant d’envenimations par les serpents de Vipéridé impliquent des lésions tissulaires locales et des manifestations systémiques, telles que des hémorragies, des coagulopathies et une instabilité hémodynamique.

Dans ce travail, nous avons cherché l’épidémiologie et les caractéristiques des patients adultes intoxiqués aigus graves en Martinique et en Guyane. Nous avons réalisé une étude rétrospective du 1er janvier 2000 au 31 décembre 2010 dans le service des urgences (SU) du CHU de Martinique, et des hôpitaux publics du Lamentin et de la Trinité. Au cours de la période d’étude, 291 patients ont été admis pour intoxication sévère, soit un taux d’incidence de 7,7 cas sévères / 100 000 habitants. L’âge moyen était de 46 ± 19 ans et 166 (57%) étaient des hommes. Des troubles psychiatriques ont été enregistrés chez 143 patients (49,8%). Le score psychologique aigu simplifié (SAPS II) à l’admission était de 39 ± 23 points et le score de gravité de l’empoisonnement (PSS) était de 2,7 ± 0,8 points. Le décès a été enregistré chez 30 (10,3%) patients et la durée du séjour à l’hôpital était de 6 ± 7 jours. Le mode d’intoxication était l’auto-intoxication intentionnelle dans 87% des cas et une surdose médicamenteuse a été enregistrée dans 13% des cas. L’agent toxique impliqué était un médicament thérapeutique dans 58% des cas et un produit chimique dans 52% des cas. Les manifestations cliniques prédominantes étaient une insuffisance respiratoire (59%), une insuffisance hémodynamique (27%), une insuffisance neurologique (45%), des manifestations gastro-intestinales (27%) et une insuffisance rénale (11%). La polypnée, le choc, la fibrillation ventriculaire ou la tachycardie et les troubles gastro-intestinaux étaient les principaux symptômes associés au décès. Les principales anomalies biologiques associées au décès chez nos patients étaient l’acidose métabolique, l’hypokaliémie, l’hyperlactatémie, l’hypocalcémie, les lésions rénales, la rhabdomyolyse, l’augmentation des aspartates aminotransférases et la thrombopénie. L’oxygénation extracorporelle par membrane (ECMO) a été utilisée chez trois patients et des antidotes spécifiques ont été utilisés chez 21% des patients. Nous avons conclu que les intoxications aiguës sont un problème majeur de santé publique en Martinique avec des caractéristiques épidémiologiques différentes de celles de la métropole, avec une forte incidence d’intoxications par les toxines rurales et domestiques. Cette épidémiologie est similaire de celle de la Guyane Française. Globalement, mon implication dans la recherche m’a permis d’explorer différents aspects de la pratique de la réanimation dans le domaine de l’épidémiologie, de l’infection associée aux soins, dans le domaine de la toxicologie clinique et environnementale, et dans le domaine des infections émergents et réémergences. Cette expérience m’a permis aussi de me familiariser avec la direction de travaux scientifiques présentés sous forme de thèses ou de mémoires et publiés dans des journaux scientifiques. Les travaux ultérieurs seront centrés sur l’exploration de l’épidémiologie des intoxications dans les Antilles-Guyane (AG), départements français d’outre-mer situés dans la région du continent américain. Cet ensemble est constitué, d’une part, des deux régions insulaires des Antilles françaises, la Guadeloupe et la Martinique, et, d’autre part, d’une région continentale, la Guyane (en pleine forêt amazonienne). Peu de données épidémiologiques des intoxications disponibles dans les DFA.

Mots clés : Envenimation ;  Intoxication aiguë, épidémiologie, Immunothérapie antivenimeuse ; Guyane Française ; Martinique, Bothrops atrox ; Bothrops lanceolatus.

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