Malakit : un projet de recherche innovant pour contrôler le paludisme sur les sites isolés forestiers
Maylis DOUINE — Chercheur à la direction régionale de l’INSERM, CHAR Cayenne
La Guyane fait face à un contexte très particulier : un réservoir important de paludisme sur des sites d’orpaillage isolés difficiles à contrôler du fait de la mobilité des personnes concernées, de l’isolement géographique et du contexte politique.
Une recherche opérationnelle à grande échelle a été mise en œuvre par le Centre d’Investigation Clinique Antilles-Guyane Inserm 1424 du CHC en Guyane en partenariat avec le Brésil et le Suriname. Ce projet pilote Malakit a évalué l’efficacité de la distribution au niveau des frontières avec le Brésil et le Suriname de kits d’autodiagnostic et d’autotraitement pour améliorer le bon usage des traitements antipaludéens après réalisation d’un test de diagnostic rapide du paludisme. L’objectif était d’évaluer la faisabilité et l’efficacité de cette stratégie innovante pour contrôler le paludisme sur ces sites d’orpaillages illégaux.
Pendant 2 ans d’expérimentation (2018-2020), 4766 kits ont été distribués à 3733 personnes par les médiateurs implantés sur les zones de passage des orpailleurs sur les 2 frontières. L’évaluation a montré une participation de 30% de la population ciblée, une bonne utilisation des kit (72%), une amélioration des comportements (+25% de diagnostic + traitement adapté) et un impact sur la situation du paludisme sur le Plateau des Guyanes (+43% de diminution du nombre de cas).
Ce projet international innovant montre que des personnes peu instruites peuvent être formées à une prise en charge par elles-mêmes de symptômes du paludisme et à changer leur comportement lorsqu’elles sont en situation très isolée. Cette stratégie pourrait constituer un nouvel outil de lutte contre le paludisme dans d’autres régions du monde confrontées à de façon similaire à du « paludisme résiduel ».