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Dans le cadre du séminaire « Frontières, circulations, interculturalités et interactions Hommes-Milieux », le DFR LSH, en collaboration avec les laboratoires LEEISA et MINEA, vous propose une conférence intitulée « Le Maroni, frontière ou pays : circulations, transgressions et accommodations des populations du fleuve entre Guyane française et Suriname (XIXè siècle à nos jours) ».

Celle-ci sera présentée par Tristan Bellardie, enseignant en histoire à l’Université de Guyane, le vendredi 12 mai de 18h à 20h en salle F 108.

En mars 2019, la multiplication des incidents entre autorités françaises et surinamaises sur le Maroni ont relancé une contestation frontalière vieille de plus d’un siècle et demi. Sur fond de contrôle des activités d’orpaillage clandestin sur le territoire français, les diplomaties respectives font alors valoir des droits aux contours encore bien flous, hérités d’une politique coloniale inachevée. Derrière la bataille de souveraineté, le Maroni révèle alors un espace aux multiples facettes, où la frontière se confond avec des territoires et des pratiques qui la traversent, la transgressent. Cette ligne sortie de l’imagination coloniale doit composer avec des populations et des activités qui circulent sur des territoires transversaux s’étendant d’une rive à l’autre : pays bushinenge ou amérindiens, régions aurifères… Ces multiples lignes de partage définissent depuis la fin du XVIIIè siècle le permis et l’interdit, des équilibres se construisent d’aval en amont.

Avec la superposition progressive de la frontière, ces équilibres vont également s’organiser d’une rive à l’autre dans un mouvement de balancier au gré des événements historiques. L’or est notamment particulièrement révélateur de l’adaptation de ces mouvements de traverse : maraudeurs d’hier sur la rive droite française, garimpeiros d’aujourd’hui sur la rive gauche surinamaise, chacun regardant avec convoitise les richesses aurifères d’en face.

La réalité frontalière peine à s’imposer dans le quotidien du fleuve et de ses populations.  La souveraineté réclamée sur le Maroni par la France s’est toujours affirmée en retard, après une prise de possession du territoire en toute autonomie par les populations qui l’ont parcouru réellement, qu’elles soient amérindiennes, bushinenge ou créoles. Jusqu’à l’intégration définitive de l’hinterland du Territoire de l’Inini en 1969, l’État est en retard sur les hommes, la loi arrive après les coutumes. Les populations ont construit ainsi des espaces très souvent en résistance avec l’autorité, dont la frontière n’apparaît que comme un simple avatar.

L’objectif de la communication est d’envisager les raisons de ces différentes transgressions, leurs persistances et leurs évolutions depuis la fin du XIXè siècle.

Quelques mots sur le conférencier

Tristan Bellardie, enseignant en histoire à l’Université de Guyane et chercheur associé à MINEA, spécialiste de l’histoire du Maroni et de ses populations, travaille sur ce terrain depuis 1993 et réside à Maripasoula au cœur du Haut-Maroni.

Ses travaux ont porté sur les relations entre la colonie de la Guyane et les différentes populations, les constructions des espaces et les interactions sur le fleuve, entre le XVIIe et le XXe siècle (période de contact, esclavage, cycle de l’or).

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