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Chinois de Guyane et de Martinique : des mobilités transnationales au cœur des circulations caribéennes

Par 12/05/2025• LEEISA, • MINEA4 min. de lecture

Dans le cadre du séminaire « Frontières, circulations, interculturalités et interactions Hommes-Milieux », l’Université de Guyane accueille Isabelle Dubost, maîtresse de conférences en anthropologie à l’Université des Antilles, le jeudi 22 mai 2025, de 18h à 20h, en salle F108 (campus de Troubiran).

Spécialiste des migrations chinoises en Guyane et en Martinique, Isabelle Dubost proposera une conférence intitulée « Chinois de Guyane et de Martinique : migrations et circulations transnationales », qui mettra en lumière les trajectoires, les réseaux diasporiques et les territoires circulatoires transnationaux de ces communautés.

Un tissu diasporique en perpétuelle recomposition

L’histoire migratoire des Chinois en Guyane et en Martinique ne se limite pas à un simple mouvement entre un pays de départ et un pays d’accueil. Elle s’inscrit dans une logique transnationale et circulatoire, où les frontières géographiques sont franchies au gré des opportunités économiques, des attaches familiales et des trajectoires générationnelles.

Ces mobilités dessinent ce qu’Alain Tarrius appelle des « territoires circulatoires transnationaux » : un ensemble d’espaces interconnectés dans lesquels les familles chinoises évoluent depuis la fin du XIXe siècle.

Trois vagues migratoires, une pluralité de trajectoires

Depuis les premiers engagés chinois (fin XIXe), jusqu’aux migrations Hakka (années 1920-1930) et aux Zhejiangs plus récents (1970-1995), chaque vague migratoire se distingue par ses modalités d’installation, ses réseaux d’appui et ses projets économiques et familiaux.

Isabelle Dubost explore cette diversité à travers trois dimensions de la mobilité :

  • La migration initiale, souvent motivée par une quête d’amélioration de vie, via des itinéraires parfois complexes.
  • La circulation dans l’espace caribéen et au-delà, pour élargir les opportunités commerciales.
  • Les liens maintenus ou imaginés avec la Chine, entre retours effectifs et projections symboliques.

La Guyane comme centralité dans un maillage mondial

Lieu d’installation, d’ancrage temporaire ou de relais dans un réseau plus vaste, la Guyane apparaît comme une centralité stratégique dans ce jeu de circulations. Elle permet à ces populations d’activer leurs réseaux diasporiques tout en négociant des identités multiples.

L’analyse de récits de vie montre comment ces trajectoires s’appuient sur une agentivité migratoire forte (Amar et al., 2021) et sur une dynamique de projet à long terme, entre enracinement local et ouverture globale.


A propos d’Isabelle Dubost

Isabelle Dubost est maîtresse de conférences en anthropologie sur le campus de Martinique à l’Université des Antilles. Dans une démarche d’anthropologie multisituée, ses travaux portent sur les appartenances sociales et ethniques ainsi que sur les postures identitaires de groupes issus de l’immigration et leurs liens diasporiques, à savoir les Chinois et les Libanais en Guyane et les Libanais, les « Syriens » et les Palestiniens à la Martinique. Ses travaux portent également sur les problématiques environnementales à la Martinique comme les barrages contre l’invasion de sargasses (ANR CESAR) et la remédiation des terres contre la contamination par la chloredécone (ANR DEMETER).

 


 

Amar A., Aprile S., Kunth A., Lacoue-Labarthe I., 2021, « Saisir le murmure du monde. Récits de soi en migration », Hommes & migrations [En ligne], 1335, p. 8-9, http://journals.openedition.org/hommesmigrations

Dubost I., 2008, « La territorialité des Chinois et des Libanais guyanais », in S. Mam Lam Fouck (Ed.) Comprendre la Guyane d’aujourd’hui, Ibis Rouge, p. 601-615, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01656084

Dubost I., 2019, « Chinois de Guyane et de Martinique : des mobilités sans cesse retravaillées », Recherches Haïtiano-antillaises n°8, p.185-206, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal02305094

Ma Mung E., 2009a, « Le point de vue de l’autonomie dans l’étude des migrations internationales : “penser de l’intérieur” les phénomènes de mobilité », F. Dureau et M. A. Hily (dir.), Les mondes de la mobilité, Rennes, Presses universitaires de Rennes, p. 25-38.

Ma Mung E., 2000, La diaspora chinoise, géographie d’une migration, Paris, Ed. Orphys Ma Mung E., 1994, « Non-lieu et utopie : la diaspora chinoise et le territoire », Espace géographique, vol. 23, n° 2, p. 106-113.

Tarrius A., 2010, « Territoires circulatoires et étapes urbaines des transmigrant(e)s », Regards croisés sur l’économie 2 (n° 8), p. 6370.

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