L’Université de Guyane accueillera Véronique Boyer, anthropologue et directrice de recherches au CNRS, pour une nouvelle session du séminaire « Frontières ».
Lors de cette rencontre, elle présentera les résultats de ses recherches à partir de son ouvrage Le Puzzle amazonien, qui explore les dynamiques sociales des populations d’Amazonie brésilienne. Rendez-vous mardi 12 novembre 2024 à 18h en salle FSC001(bâtiment F – Lettres et Sciences Humaines).
Un séminaire pour comprendre les enjeux des « populations traditionnelles » en Amazonie
Depuis les années 1990, de nombreuses communautés en Amazonie brésilienne revendiquent leur reconnaissance officielle en tant que « populations traditionnelles », « peuples indigènes » ou « communautés quilombolas ». Ce séminaire propose une analyse approfondie de ces demandes de reconnaissance, en s’intéressant aux catégories ethno-légales qui façonnent les identités et les stratégies politiques de ces groupes.
Véronique Boyer mettra en lumière des concepts clés tels que la notion de « mistura » (mélange), une idée centrale dans la conception des identités ethniques au Brésil. En effet, c’est en raison de son caractère « non miscible » que la « mistura » permet des choix identitaires, où l’aptitude à une certaine pureté ethnique devient paradoxalement constitutive du mélange.
Redéfinir l’identité des caboclos : de la marginalisation à l’acteur politique
Longtemps marginalisés sous le terme péjoratif caboclos, ces groupes émergent aujourd’hui comme des acteurs politiques importants, incitant à repenser cette notion dans son double rapport avec l’expression « populations traditionnelles » et avec les croyances urbaines, où le terme désigne des entités spirituelles puissantes. Véronique Boyer analysera comment la capacité de transformation, symbolisée par ces entités invisibles, constitue une métaphore de la manière dont les populations caboclos-hommes subissent ou réinterprètent leur « mélange » social.
Des clés pour comprendre les repositionnements ethno-légaux en Amazonie
Ce séminaire s’inscrit dans une réflexion plus large sur la capacité de symbolisation des expériences sociales par les caboclos invisibles et sur leur rôle dans les repositionnements actuels des populations amazoniennes. En offrant une lecture nouvelle et stimulante, Véronique Boyer éclaire des dynamiques souvent méconnues mais cruciales pour comprendre l’évolution des rapports identitaires en Amazonie.
À propos de Véronique Boyer
Véronique Boyer est une anthropologue reconnue, spécialiste de l’Amazonie brésilienne. Directrice de recherches au CNRS (UMR Mondes américains, CNRS-EHESS), elle est l’auteure de plusieurs ouvrages de référence, dont Femmes et cultes de possession au Brésil : les compagnons invisibles (1993) et Expansion évangélique et migrations en Amazonie brésilienne : la renaissance des perdants.
