Wilfried Denagbe, ancien doctorant du laboratoire Qualisud, vient de réussir avec succès son doctorat à l’Université de Guyane. Chaque année, l’université célèbre les réussites de plusieurs lauréats au doctorat, mettant en lumière leur engagement passionné envers la recherche et leur dévouement à contribuer au développement de la recherche à travers des études scientifiques novatrices et enrichissantes. Wilfried, fraichement diplômé, partage son expérience récemment acquise.
Peux-tu résumer en quelques phrases l’essentiel de ta thèse ?
Ma thèse a exploré la valorisation du palmier Acrocomia aculeata, connu sous le nom de « Moucaya » en Guyane. Alors qu’il est peu utilisé en Guyane, le Brésil l’utilise largement dans le domaine énergétique (biodiesel, biokérosène) pour produire des biocarburants. Mon travail a cherché à valoriser ce palmier en Guyane en étudiant d’abord la composition chimique des lipides du Moucaya local, puis en analysant les glucides, une partie souvent négligée. Les résultats ont révélé des propriétés prometteuses, en particulier dans la partie glucidique avec l’identification, pour la première fois dans ce fruit, d’oligo- et polysaccharides de glucomannanes originaux,ouvrant des perspectives d’applications dans divers domaines de la cosmétique, l’agroalimentaire ou l’industrie pharmaceutique.
Pourquoi ce choix de thématique ?
Le choix de cette thématique était motivé par le désir de contribuer à un système d’économie circulaire en Guyane, en valorisant une bio-ressource sous-utilisée. D’un point de vue scientifique, il s’agissait également d’élargir la connaissance autour de la nature chimique des composés présents dans le Moucaya, surtout au niveau de sa composition saccharidique. Cette approche visait aussi à apporter une alternative économique en termes de valorisation complète de cette biomasse non exploitée sur le territoire.
A travers tes recherches, qu’as-tu découvert d’inédit ou de surprenant ?
Mes travaux ont révélé des résultats novateurs, notamment dans la partie glucidique, identifiant pour la première fois des produits de nature glucomannane dans une matrice végétale. Ces produits présentent des caractéristiques structurales et fonctionnelles uniques, ouvrant des opportunités d’application dans des secteurs tels que la cosmétique, l’agroalimentaire et la pharmacie. Ces premiers résultats ont été publiés dans un journal international renommé (Carbohydrate polymers). D’autres résultats originaux, comme la découverte de la capacité de ces produits à stabiliser des émulsions sur une période supérieure à 6 mois, et la création de structures amphiphiles valorisant simultanément les lipides et les glucides de ce fruit, suscitent des intérêts et feront l’objet d’un dépôt de brevet.
Quels sont les aspects dont vous êtes le plus fier ?
Je suis particulièrement fier des résultats dans la partie glucidique, qui offrent des perspectives prometteuses pour la Guyane et l’Amazonie en général. La portée pluridisciplinaire de mes travaux, initialement ancrés dans la chimie des substances naturelles, m’a permis de trouver différentes manières de valoriser les produits, transformant ainsi une thèse en une exploration diversifiée. Malgré la complexité du projet, nous avons réussi à tenir les trois années de recherche, démontrant une maîtrise du timing et de l’intensité du travail nécessaire.
Comment votre travail de recherche s’inscrit dans un contexte plus large, notamment au niveau du territoire ?
Mon travail s’inscrit dans un contexte plus vaste en mettant en lumière le potentiel de valorisation industrielle des produits originaux obtenus, tant pour leurs propriétés en encapsulation que pour leurs propriétés émulsifiantes. Il ouvre la voie à un système de bio-raffinage, permettant de valoriser tous les compartiments du fruit du Moucaya. Cette approche offre une potentielle filière d’économie pour la Guyane, avec l’espoir que mes travaux serviront de base à la création d’entreprises et à la génération d’activité économique.
Quelle a été l’expérience la plus mémorable et/ou enrichissante tout au long de ton doctorat ?
La partie rédactionnelle a été l’expérience la plus mémorable. Malgré sa complexité, elle a été amusante car elle a permis de prendre du recul sur les résultats obtenus, d’analyser leur importance dans un contexte plus large, sociétal et industriel. Cela a également souligné l’ampleur des recherches réalisées et la matière substantielle accumulée tout au long du doctorat.
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux étudiant.e.s qui envisagent de poursuivre leurs études en doctorat ?
Mon conseil serait de se lancer sans hésiter et de ne pas douter de ses capacités. Bien que le doctorat puisse être difficile, avec des hauts et des bas et des moments de déprime, l’expérience en vaut la peine.
À propos Wilfried Denagbe
Ancien doctorant du laboratoire Qualisud (COVAPAM), vient de réussir avec succès son doctorat à l’Université de Guyane. Chaque année, l’université célèbre les réussites de plusieurs lauréats au doctorat, mettant en lumière leur engagement passionné envers la recherche et leur dévouement à contribuer au développement de la recherche à travers des études scientifiques novatrices et enrichissantes. Wilfried, fraichement diplômé, partage son expérience récemment acquise.