L’Université de Guyane vous invite au séminaire animé par Béatrice Collignon. Il s’agira d’explorer comment les Inuit de l’Arctique canadien, à travers leurs pratiques nomades et leur savoir ancestral, redéfinissent la notion de territoire.
Le mardi 10 décembre 2024, de 18h à 20h, l’Université de Guyane organise une nouvelle édition de son séminaire « Frontières, circulations, interculturalités et interactions Hommes-Milieux ». Lors de cet événement, Béatrice Collignon, géographe à l’Université Bordeaux Montaigne et membre de l’UMR Passages, abordera les géographies nomades des Inuit de l’Arctique canadien.
Un territoire de circulation, non d’occupation
Pour les Inuit de l’Arctique canadien, le territoire est conçu comme un espace mobile. Ce n’est pas un lieu d’occupation statique, mais un réseau de circulations. Depuis les années 1950, la sédentarisation, due à la fois à des politiques gouvernementales et à des choix individuels, a modifié leur organisation spatiale. Les 42 villages inuit (hors Nunatsiavut au Labrador) sont désormais des points centraux d’où partent et reviennent les déplacements.
Cependant, le territoire inuit reste polytopique. Même si les structures spatiales ont changé, la matrice de leur compréhension du monde, qui guide leurs actions, est restée stable. Cette matrice reflète un mode de pensée profondément ancré dans leur culture.
Inuit qaujimajatuqangit : le savoir vivant
Le cœur de cette matrice est désigné par un terme créé dans les années 1990 : Inuit qaujimajatuqangit, qui signifie « le savoir que les Inuit se sont transmis et qui est encore pertinent aujourd’hui ». Ce savoir se compose d’observations et d’expériences transmises sur plusieurs générations. Il s’appuie sur des « expériences premières », enracinées dans une langue et une culture qui structurent la compréhension et l’action des Inuit.
Revisiter le concept de territoire
À travers cet exemple inuit, il est possible de repenser la notion de territoire. Les géographies nomades mettent en lumière l’idée d’espace mobile (concept développé par Denis Retaillé). Plutôt qu’un espace figé, ces territoires sont dynamiques, façonnés par les déplacements et les liens qu’ils tissent.
Béatrice Collignon est géographe, professeure à l’Université Bordeaux Montaigne et membre de l’UMR Passages. Ses travaux portent sur les savoirs géographiques, tant vernaculaires que savants, à partir d’une approche par le savoir géographique des Inuit de l’Arctique canadien, étendue aux ontologies des peuples autochtones. Elle s’est intéressée précocement à la question de l’éthique de la recherche et s’est investie dans la réalisation de films de recherche (format vidéo), mobilisés tout à la fois en tant qu’outils, forme alternative d’écriture scientifique, moyen de diffusion de la recherche et pratique pédagogique.
Elle est depuis 2022 investie dans le projet ANR Spherographia, porté par Matthieu Noucher (UMR Passages), dont l’un des travaux est une exposition itinérante dont la première installation a été inaugurée à Mana le 28 septembre dernier (en cours jusqu’au 12 décembre ; prochaine étape Val d’Or, en territoire Atikamekw – province du Québec, Canada, à partir du 11 avril 2025).
Informations pratiques :
Date : mardi 10 décembre 2024
Horaire : 18h-20h
Lieu : Amphi C, Université de Guyane