Passer au contenu principal
recherche

L’étude menée par le laboratoire COVAPAM sur la valorisation du fruit du palmier Moucaya, publiée dans le magazine Sciences Direct le 19 octobre 2023, représente une avancée significative pour la région, révélant une nouvelle source de matière première dans les domaines de l’agroalimentaire, de la nutraceutique, de la cosmétique et de la pharmacologie. Cette étude met en lumière les possibilités de valorisation d’Acrocomia aculeata, également connu sous le nom de Moucaya.

L’Amazonie abrite une grande diversité de palmiers (18 genres en Guyane), répartis dans différents habitats (mangrove, pinnotère, bas-fonds, terre fermes, sable blanc …) caractérisés par des conditions environnementales uniques. Traditionnellement, les palmiers ont été valorisés pour répondre aux besoins essentiels des populations locales, comme la construction d’habitats ou la production de carburants, de cires et de fibres. Par ailleurs, ils sont également utilisés dans divers domaines tels que l’agroalimentaire, les cosmétiques et la médecine traditionnelle, offrant ainsi une contribution significative au développement économique grâce à leur composition phytochimique diversifiée.

Cependant, malgré leur importance, la composition phytochimique des palmiers en Guyane, à l’exception notable de l’Euterpe oleraceae (Açai ou wassaye), reste largement méconnue. L’espèce Acrocomia aculeata, en particulier, présente des similitudes intéressantes avec l’huile d’olive en termes de composition en acides gras, suggérant un fort potentiel de valorisation dans le secteur agroalimentaire. Les recherches ont également mis en évidence la présence de glucomannanes atypiques dans les fruits de ce palmier, ouvrant la voie à de nouvelles perspectives d’application. En exploitant cette ressource de manière durable, il est possible de contribuer à la diversification économique tout en préservant la richesse naturelle de l’Amazonie.

Acrocomia aculeata : une espèce aux propriétés multiples

Le fruit du palmier Acrocomia aculeata présente une richesse en huiles polyinsaturées, comprenant notamment l’acide oléique (ꞷ 9), linoléique (ꞷ 6) et linolénique (ꞷ 3). Cette composition a conduit à l’utilisation de l’huile extraite de ce fruit comme source d’énergie dans le domaine des biocarburants, en particulier au Brésil, où sa production est soumise à un contrôle. Cette demande croissante a stimulé la mise en place en 2004 d’une filière entre les industriels pour la production de biodiesel et les fermiers pour la culture de ces palmiers.

Toutefois, peu d’études ont été consacrées à la valorisation d’Acrocomia aculeata en Guyane. Une partie des travaux de thèse de Wilfried Denagbe encadré par Thierry Benvegnu (Professeur des Universités en Chimie), Didier Bereau (HDR, Professeur des Universités en Chimie), Jean Charles Robinson (Professeur des Universités en Biochimie) et Rudy Covis (Maître de Conférences en Chimie) a permis d’approfondir les connaissances sur le sujet. Ces travaux ont permis de développer et d’optimiser les méthodes d’extraction des glucides présents dans la pulpe du fruit (mésocarpe), ainsi que d’élucider la structure chimique des glucomannanes (oligo/polysaccharides) atypiques par spectrométrie à résonance magnétique nucléaire.

Ces études ont alors contribué à approfondir les connaissances scientifiques des fruits de ce palmier que l’on retrouve réparti le long du littoral Guyanais. Les propriétés physicochimiques des glucommananes atypiques présents dans les fruits ont été mis en évidence, notamment leur capacité à gonfler, leurs comportements rhéologiques et leurs propriétés tensioactives. Par ailleurs, la possibilité de fonctionnaliser les glucommananes par estérification a été explorée et la capacité de ces polysaccharides amphiphiles à former des nanovecteurs par auto-assemblages a été caractérisé par des techniques de diffusion dynamique de la lumière et de microscopies. Nous avons ainsi mis en évidence leurs potentialités à encapsuler une sonde fluorescente lipophile et suivi la stabilité de ces nano-objects dans le temps pour la libération contrôlée de molécules biologiquement actives.

Finalement, ces travaux ont permis d’aboutir à la publication d’un article scientifique accepté le 17 octobre 2023 et publié le 19 octobre 2023 dans le journal « Carbohydrate polymers, IF 11,2) qui s’intitule « Structure and emulsifying properties of unprecedent glucomannan oligo- and polysaccharides from Amazonia Acrocomia aculeata palm fruit » et réalisé en collaboration entre le laboratoire COVAPAM et le laboratoire chimie organique et interface (CORINT) au sein de l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Rennes (ENSCR) qui valorise les matières premières d’origine naturelle pour des applications dans le domaine de la santé.

Fermer le menu

Université de Guyane | multiplions les possibles

fr_FRFrançais