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Silences, comme frontière entre le dicible et l’indicible

Par 26/02/2024mai 21st, 2024• Laboratoires, • LEEISA, • LSH, • MINEA3 min. de lecture
Silences, comme frontière entre le dicible et l’indicible

« Silences, comme frontière entre le dicible et l’indicible : Expérience historiographique à partir de l’espace amazonien », conférence animée par Jean MOOMOU, Professeur des Universités en histoire.

D ans le cadre du séminaire « Frontières, circulations, interculturalités et interactions Hommes-Milieux », les laboratoires LEEISA et MINEA, en partenariat avec le DFR LSH, ont le plaisir de vous convier à une conférence qui se tiendra le mardi 27 mars 2024 de 16h à 18h en l’amphi C. Il s’agit de montrer à travers cette communication en quoi la pratique du silence dans le processus de transmission et d’acquisition des faits relatifs au passé cache des enjeux politiques, sociaux, culturels et religieux, qui sont au service des rapports de force, de domination et de soumission, voire de libération (M. Rolph Trouillot 2015). Et l’espace, au cœur de notre analyse, structuré par l’histoire coloniale avec ses « brûlures », ses « troncatures », n’y échappe point. Il en va de même pour l’histoire des groupes aux itinéraires distincts qui ont eux aussi leur propre silence. Le silence, comme lieu de l’intimité, du refuge, de méditation, du retour sur soi, il s’apparenterait aussi à un « refus de dire les actes inhumains », mais également la difficulté d’exprimer  par le langage, des actions qui relèvent de la honte, de la pudeur, de l’horreur. Une des conséquences du silence, c’est par exemple l’invisibilisation des identités « particulières » qui passent par le « déguisement » de soi pour exister.

L’espace amazonien fournit des illustrations de ce type, à travers, par exemple, l’identité chromatique ou le poids des représentations. La pratique du silence peut relever certes d’une censure volontaire, mais elle peut être parfois synonyme d’amnésie mémorielle collective, catégorielle et individuelle ; un oubli qui fait partie du fonctionnement même de la mémoire et qui est « […] nécessaire à la société comme à l’individu […] » (Augé 2001 : 7-119). Elle peut aussi nourrir des demandes de politiques publiques de discrimination positive et de réparation, de droits particuliers, mais aussi d’intenses polémiques. En témoigne l’actualité vive de la mémoire de la colonisation et la saisie par des minorités de la pensée « décoloniale » pour dire, voire dénoncer leur « condition humaine ». L’exploration des silences, comme source d’informations, invite à des questionnements d’ordre épistémologique, heuristique et méthodologique. Le chercheur doit-il tout dire ou se retenir ?

À propos de l’auteur

Jean MOOMOU est Docteur en histoire et civilisations (EHESS), Habilité à diriger des recherches (Université Toulouse II Jean Jaurès), Professeur des universités en histoire, INSPE, Université de Guyane. Il étudie l’histoire du fait colonial à travers les discours et les représentations des pratiques sociopolitiques de l’esclavage chez les populations d’origine africaine du monde amazonien et des Antilles. Son champ d’intervention touche également à l’anthropologie des sociétés orales marronnes bushinenge du Surinam en Guyane française. Il est sensible à la problématique de l’histoire par les lieux, les arts et l’architecture, le lexique et les cultures sensibles.

Mise à jour le : 21/05/24 à 08:18

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